Ce qui nous dérange le plus dans ces communications écrites sur du papier à musique, c’est le sophisme qui domine ! Le sophisme est un raisonnement qui n’est cohérent qu’en apparence, sur la base d’une argumentation à la logique fallacieuse, et qui capte et empêche tout autre point de vue. Sophisme d’autant moins acceptable que son auteur est « l’autorité suprême » de notre BL.
Après avoir dit, que même les Chinois ne voudrait pas du site de Thonon, notre de la BL MIS, a annoncé, qu’il avait sous-traité à une société chinoise, le développement d’un détecteur radiographique au détriment de la société Trixell à Moirans, un acteur pourtant majeur et historique dans ce domaine, car selon lui, les ingénieur-e-s chinois sont 7 fois moins chers et 5 fois plus rapides, que les ingénieur-e-s de Moirans !
Pour commencer, notre patron attend-il de nous que nous adoptions le modèle politique, économique et social chinois où la brutalité de son régime se mesure en particulier à l’aulne de ces millions d’Ouïghours contraints aux travaux forcés, d’un contrôle policier très étroit de sa population et d’un régime social au rabais ? Singulière perspective en vérité !
Pourquoi ses propos sont-ils fallacieux (en plus d’être provoquants) ?
Aucun élément de contexte n’est donné pour juger de la pertinence de ses propos. Et les éléments de contexte en voici quelques-uns :
- On compare un prototype chinois PZ à un produit entièrement pris en charge par les équipes de TXL ; de sa spécification à sa mise sur le marché en passant par son développement, son test, son industrialisation, sa documentation et sa certification. Toute une chaîne d’acteurs indispensables pour passer d’un prototype invendable en l’état à un produit mûr pour le marché. Le périmètre de PZ se limite au développement du prototype et à rien d’autre. Le reste étant à la charge de TXL Moirans, Thales Moirans et dans une moindre mesure TXL Chine (assemblage et test du produit final) avec une distribution d’ailleurs assez floue des responsabilités entre ces 4 acteurs.
- Lorsque TXL envisage le développement d’un produit, c’est sur la base d’une discussion avec ses trois actionnaires Siemens, Philips et Thales. Des discussions souvent longues et compliquées sur l’expression des besoins et donc des spécifications. Et là pour le coup, Thales à priori s’est montrée beaucoup moins exigeant sur ses spécifications vis-à-vis de PZ qu’il ne l’a été jusqu’à présent à TXL. Développer en moins de temps, un prototype, sur la base d’exigences dégradées aurait été largement à la portée de TXL !
- TXL doit assurer la Mise en Condition Opérationnelle (MCO) de toute une gamme de produits radiographiques et dynamiques, en plus d’en développer de nouveaux … à effectif constant ! A un moment ça coince. Et ce n’est pas faute ces dernières années d’avoir réclamé à la direction d’investir davantage dans l’outil industriel mais plus encore dans l’ingénierie. En pure perte !
- On peut aussi raisonnablement se demander si PZ pour gagner un marché avec Thales ne vend pas sa prestation à perte ?
Pourquoi avec le projet PZ et TXL Chine, la direction de la BL pourrait au final jouer contre son camp ?
- En réorientant des ressources financières précieuses de R&D et d’ingénierie en général vers l’extérieur risquant de fragiliser par la même occasion le pacte d’actionnaire TXL. En effet, Thales ne sous-traite pas seulement le développement d’un détecteur PZ 3543 mais de toute une gamme de détecteurs : 2430, 3543, 4343 sur un pixel de 100µ … pour le moment.
- Cette nouvelle gamme de détecteurs pourrait concurrencer voire même supplanter ceux de TXL Moirans puisque le marché visé ne se limite pas à la Chine mais à terme le marché mondial et que le différentiateur entre ces deux gammes devrait se résumer quasiment à la taille du pixel. Y-a-t-il de la place sur le marché pour ces deux gammes de produits ?
- En favorisant l’émergence d’un nouvel acteur de poids sur un marché qui en compte déjà une pléthore, PZ aura capitalisé une expertise très importante avec Thales et TXL Moirans non seulement sur son propre travail mais pire encore sur le nôtre même si nous ne sous-estimons pas la capacité des travailleurs chinois.
- Produire en Chine présente toujours un risque d’exposition aux sanctions américaines dans le conflit qui oppose ces deux puissances en utilisant notamment comme levier les composants matériels, logiciels, mécaniques sous licence US embarqués dans le produit.
A AVS Moirans RAD, nous avons connu une situation presque similaire avec la création de STET en Chine sur des tubes IIR développés et produits là-bas. Mais avec une différence majeure : ces produits étaient exclusivement réservés au marché chinois et ne rentraient donc pas en concurrence avec les produits de Moirans sur ses marchés historiques.
Nous attendons donc autre chose d’un dirigeant d’une BL que des propos à l’emporte-pièce. Par exemple une vision stratégique long terme pour TXL Moirans – Thales étant l’actionnaire majoritaire, un budget à la hauteur des besoins du marché pour maintenir l’innovation et des ressources en adéquation avec la stratégie. Au lieu de tourner le dos à un collectif de travail qui a fait de Trixell un des premiers compétiteurs mondial du marché des détecteurs radiologiques et la richesse de la BL MIS (taux de profit TXL entre 15% et 18% depuis 10 ans déduction faite des investissements, excusez du peu !).
Et pour finir, avant son arrivée dans le staff de direction, la BL MIS affichait des variances de l’ordre de 7% de son chiffre d’affaires. Aujourd’hui, ces variances avoisinent les 12%. Devrait-on faire le même exercice de comparaison brute de fonderie sans nuances ni éléments de contexte entre la direction de MIS et la direction d’un groupe chinois de taille comparable ?
Pour le moins, ce bilan devrait inspirer à son dirigeant une certaine retenue dans ses propos voire de l’humilité.
De nombreux salarié-e-s se sont senti vexé-e-s voir humilié-e-s par ces propos.
Je ne sais pas quel était le résultat escompté mais il est plus de l’ordre de la démoralisation que d’une motivation.
IL sera difficile de remobiliser les “troupes” après un tel discours.
Quel gâchis!