Messieurs le Directeur industriel du site et Responsable des ressources humaines.
Depuis plusieurs années, vous et les dirigeant de MIS, souhaitez mettre un terme au principe des pauses libres, estimant que cette liberté est source de dérives, et génératrice d’absences au poste de travail, dégradant ainsi la performance industrielle.
A la faveur des décisions sanitaires liées à la crise Covid, vous avez, au printemps 2020, mis en place votre mesure de planification et de régulation des pauses de manière collective, voulue de longue date.
Aujourd’hui vous avez décidé de transformer cette mesure, soi-disant sanitaire, en mesure définitive.
Pour justifier votre décision purement idéologique, vous vous cachez derrière les conclusions spécieuses d’une commission RETEX, qui a juste servi d’écran de fumée pour réaliser votre tour de passe-passe théorique.
L’obsession quasi-hystérique de nos dirigeants en locale, mais également en centrale, sur un sujet aussi accessoire que le mode de prise des pauses, malgré les 140 grévistes qui ont dit ce qu’ils en pensaient au mois de janvier dernier, nous amène à considérer que tout cela relève d’une hallucination collective !
Bien qu’aujourd’hui le droit du travail consacre le contrat de travail, tel un contrat de subordination totale et absolue envers son employeur, imaginer que cela permet de diriger une entreprise de manière autoritaire, est une vue de l’esprit !
Vous vous trompez lourdement en pensant que les salariés consentiront à l’autorité, simplement parce que vous décrétez des règles de façon péremptoire ! Nous vous rappelons que le propre de l’autorité, est de rechercher en permanence les conditions du consentement. Ce consentement est obtenu uniquement quand l’autorité est perçue comme juste, par ceux qui y sont soumis. Or, votre mesure est légitimement considérée comme injuste, méprisante, et stigmatisante par la plupart des salariés !
Il n’y a pas deux camps dans cette entreprise, il n’y a pas non plus des constructeurs, que vous représenteriez, et de mystérieux destructeurs symbolisés par les élus, non, il n’y a qu’un seul camp, celui de la communauté de travail !
Et si nous devions faire une distinction entre deux catégories, nous disons bien « si », nous le ferions entre celle des cadres et celle des ouvriers, et cette statistique implacable, qui démontre que la première catégorie à une espérance de vie supérieure de 10 ans, et parfois plus, à la deuxième.
Alors oui, malgré les mesures prises en matière de sécurité, vous ne parvenez pas à éviter, que dans les secteurs du sablage ou du tournage pyro, les opérateurs, en fin de journée, soient recouverts de sable ou de graphite ! Vous ne parvenez pas, non plus, à éviter que des opérateurs dans les secteurs de la chimie soient complètement protégés des vapeurs d’acide et de cyanure ! Malgré les aménagements apportés en matière de sécurité, vous ne parvenez pas à éviter que des monteurs de tubes, après toute une journée de meulage de ressorts en tungstène thorié, soient recouverts de la tête aux pieds, par de la poussière de tungstène à haute teneur en thorium, pour ne prendre que quelques exemples du quotidien des opérateurs.
Pour nous élus CGT, votre mesure est, une fois de plus, une mesure décrétée par des cadres dirigeants, très indirects à la production, et qui stigmatise et méprise des opérateurs, qui ont, eux, les mains dans le cambouis tous les jours, pour créer la seule plus-value de notre entreprise, c’est-à-dire les tubes électroniques !
Dans ces conditions, le syndicat CGT refuse de prendre part à ce projet, de quelques façons que ce soit, fût-ce par un vote, et nous refusons cette consultation de dénonciation de l’usage du mode de prise de pauses, et plus que tout, nous refusons que les opérateurs soient déconsidérés !
Syndicat CGT THALES Thonon.