Voici une violence exercée contre quelques centaines d’enfants qui ne suscitera aucune émotion publique : les mômes des 250 à 400 salariés de Latécoère qui vont prochainement se retrouver au chômage n’auront qu’à subir silencieusement les conséquences brutales du sort fait à leur papa ou à leur maman.
Au terme de 4 mois d’une procédure ubuesque, le verdict est tombé : 256 postes supprimés sur 862 (qui s’ajoutent aux 800 suppressions déjà opérées à l’étranger et aux 150 postes supprimés lors du PSE de 2016) et 158 modifications de contrats (sachant que ceux qui les refuseront seront virés).
Ce lundi 1er février 2021 des « syndicats » qui signent toujours tout (ici FO et la CFE-CGC) ont signé l’accord de PSE ; qui s’en étonnera ? Lors de la réunion du CSE du vendredi précédent ils avaient pourtant unanimement voté contre le projet de réorganisation dans son ensemble et dans toutes ses composantes. Contre un jour pour le lendemain : incohérence ? Non car l’avis du CSE est strictement consultatif et tout le monde s’en fout à commencer par la direction alors que l’accord de PSE est très utile à la direction. Faire semblant de dire non à la direction pour mieux lui dire amen : voilà la cohérence.
N’est-il pas nécessaire de licencier quand le CA baisse de 40% ?
Il n’y a que 2 hypothèses :
· soit la crise actuelle signe l’acte de décès du transport aérien (ce qui est peut-être souhaitable mais c’est un débat – pourtant prioritaire – que nous écartons de ce communiqué) auquel cas l’entreprise Latécoère est vouée soit à disparaître soit à se reconvertir ;
· soit la crise actuelle est temporaire auquel cas une reprise interviendra à un rythme et à un niveau indéterminés.
Or personne ne sait de quoi l’avenir sera fait (ce dont la direction convient d’ailleurs volontiers elle-même), personne ne sait si on produira encore des avions demain, ni combien, ni quand, ni rien. Si l’avenir est illisible alors il est inepte d’affirmer que ces licenciements servent à préparer l’avenir or c’est pourtant bien ce que la direction nous raconte.
Si ce n’est pour préparer l’avenir alors il faut que ce soit pour assurer le présent et c’est aussi ce que la direction nous raconte : il faut adapter l’effectif à l’activité. Dans ce cas les licenciements sont faits pour répondre à des problèmes immédiats de trésorerie (c’est ce que « adapter l’effectif à l’activité » signifie concrètement). Or les problèmes de trésorerie sont des problèmes de financement et on ne règle pas des problèmes de financement en licenciant (sauf éventuellement le directeur financier).