Qui pourrait accepter dans l’exercice de ses fonctions des réunions précipitées avec des documents fournis à la dernière minute – du jour au lendemain, quand ce n’est pas le jour même, des règles définies en début de semaine et contredites ou à minima changées en fin de semaine, d’être en permanence placée-e-s devant le fait accompli, etc. ? Personne ! Ni professionnellement, ni dans le cadre d’une instance du personnel et donc d’un mandat syndical. Sauf pour la CFDT qui, dans le prolongement de la direction, nous a violemment reproché nos demandes répétées de prendre le temps nécessaire à la réflexion.
La direction parle quasiment en permanence de la situation critique que nous traversons comme toute la filière aéronautique ! Mais en faire une introduction systématique c’est la « Stratégie du Choc » théorisée par Naomi Klein ! C’est faire en sorte que les auditeurs et auditrices soient tétanisé-e-s au point de ne plus être en mesure d’envisager d’autres solutions que celles avancées par notre direction. Une stratégie visiblement efficace sur un syndicat en particulier qui oublie sa raison d’être pour sombrer dans l’accompagnement et réclamer aux autres syndicats de se subordonner aux décisions de la direction !
Du temps de réflexion pour analyser la situation et les informations fournies, et être en capacité d’avancer des contre-propositions, il en faudra nécessairement, surtout quand la direction selon ses propres mots parle de « diminuer de 30 % la voilure humainement ».
Rien ne peut justifier la précipitation surtout lorsque in fine ce sont nos compétences, nos emplois et nos conditions de travail qui sont menacés.
Comment par exemple accepter que d’un côté dans le département eFM il y aurait, selon la direction, 10 à 15 ETP en trop et que dans le même temps la direction souhaite doubler les squads [les équipes] pour l’ECC Inde pour, selon elle : « les faire monter en compétence même si de précédentes expériences n’ont pas été bonnes, maintenant on leur donne les moyens pour réussir et du travail intéressant ! ».
Comment accepter que les milliards d’€ injectés en Crédit Impôt Recherche (CIR) depuis des années, et plus encore maintenant avec le plan de relance de la filière aéronautique en France, servent à délocaliser des emplois de recherche et développement après avoir largement délocalisé les emplois en production. L’ECC Inde doit à terme employer 3000 personnes sur des projets et des compétences récupérés dans DMS, LAS et pour une grande partie dans AVS. Il ne s’agit pas là en l’occurrence de les faire monter en compétence sur de nouveaux marchés ou sur leur marché intérieur mais de redistribuer les marchés déjà exploités notamment en France pour l’Inde. Peu importe pour le groupe et notre direction que des emplois très qualifiés de surcroît disparaissent de Valence puisque les profits resteront eux localisés dans la poche des actionnaires. La CFDT pour sa part n’y trouve rien à redire.
Le monde d’avant la crise ressemble furieusement au monde d’après en totale contradiction avec l’ambition du gouvernement et la pression de la société pour relocaliser en France des emplois productifs et conserver les emplois à haute valeur ajoutée.
La mise en veille voire l’arrêt de certains projets R&D est une stratégie mortifère. Outre qu’elle met en danger l’emploi et les compétences, elle va à rebours des besoins de demain.
De nombreuses solutions existent pour traverser la crise actuelle.
- Baisser le temps de travail et le partager comme à Vélizy 30h/semaine payé 35, à la satisfaction de tous y compris de la direction !
- réorienter les compétences vers d’autres activités (via l’ECC France, le médical, etc. par exemple),
- maintenir voire renforcer les équipes sur des projets porteurs en terme de confort des passagers ou des personnels naviguant, en terme d’économie de carburant : optimisation en temps réel de la trajectoire de l’avion, assistance à l’atterrissage, divertissement/éducation/enseignement à bord sur la base des technologies émergentes (3D, réseau social interne, formation, etc.).
- …
Un syndicat c’est aussi sur ce terrain là qu’il devrait s’exprimer : contester la stratégie de l’entreprise, favoriser le débat entre salarié-e-s entre citoyen-ne-s et sur la base des idées qui en émergent : proposer des alternatives. C’est en ce sens que nous avons créé sur notre site web CGT Thales AVS un forum d’expression sur la filière aéronautique : https://tav.cgtthales.fr/community/.
Ne s’agit-il pas de défendre l’aéronautique de demain répondant aux questions environnementales et sociales ? Sociales tant d’un point de vue des salariés que par exemple de l’accès de tous les citoyens à l’avion plutôt que de le réserver à des élites. Par ailleurs, l’état donne des moyens à ce secteur mais avec quels contrôles et par qui ?
Soutenu-e-s par vos propositions et votre participation nous serons plus fort-e-s et plus légitimes pour faire des propositions concrètes et constructives ! La parole est à vous, la CGT vous la donne à l’aide de ce forum saisissez cette occasion !