Dauphiné 14 Avril 2020 par Hélène DELARROQUA
MOIRANS Créée en 1997 entre Thales, Siemens Medical et Philips, elle conçoit des détecteurs pour l’imagerie médicale
Contrainte elle aussi de se réorganiser pour poursuivre son activité en pleine crise sanitaire, l’entreprise Trixell, qui fabrique des détecteurs radiologiques pour l’imagerie médicale, voit la demande mondiale exploser.
C’est l’une des rares bonnes nouvelles en ce moment alors que la pandémie de coronavirus fait rage dans le monde : certaines entreprises, qui fabriquent des produits particulièrement demandés par Ie milieu médical, voient leurs commandes brusquement augmenter. Et c’est Ie cas de la société Trixell, créée en 1997 par Thales (actionnaire majoritaire), Siemens Medical et Philips, implantée sur la zone d’activités Centr’Alp à Moirans, qui fabrique des détecteurs destinés â l’imagerie médicale. « Nos produits sont utilisés dans pratiquement tous les secteurs des hôpitaux : neurologie, cardiologie, angiologie et en particulier la pneumologie, partie sur laquelle on est très sollicités », précise Jean-Loïc Mourrain, directeur de Trixell, qui recense ainsi un parc de 120 000 de leurs détecteurs dans le monde.
Et l’augmentation de la demande a suivi l’évolution géographique de la pandémie : » Depuis le début de la crise sanitaire, détaille Xavier Caillouet, directeur des activités médicales de Thales , on a observé une augmentation de la demande, d’abord en Chine, puis en Italie, maintenant un peu partout dans le monde, mécaniquement liée à la situation sanitaire » Une croissance d’abord de l’ordre de 20% en Chine avant que la crise n’atteigne l’Europe, désormais de 30 à 40% partout.
Une production presque doublée
Pour y répondre, Trixell a donc dû s’organiser, après avoir déjà mis en place un certain nombre de mesures sanitaires pour poursuivre son activité. L’ensemble de l’activité du site, assurent ses dirigeants, est désormais tourné vers la radiologie, « considérée comme une activité stratégique dans le cadre de la lutte contre le Covid ». Et la production tourne en continu. « On avait un peu de stock au début, il a vite été utilisé », reprend Jean-Loïc Mourrain. L’entreprise était déjà montée en capacité en début d’année, mais avec la soudaineté de la crise, on a dû faire appel à des intérimaires, revoir l’alternance des équipes de production, faire appel à des collaborateurs du site Thales (certains ayant dû cesser leur activité). « Aujourd’hui, estime Jean-Loïc Mourrain, on sort environ 320 détecteurs par semaine, quand c’est 250 en temps normal. On va monter à 400 d’ici à lin juin. » Soulignant : » On travaille sur des produits associés à la lutte contre le Covid, ça motive beaucoup nos salariés. »
Si Trixell œuvre donc sur « un des rares secteurs d’activité qui ne traverse pas une crise de la demande, avec une très bonne visibilité à court terme », Xavier Caillouet se demande dans quelle mesure cette pandémie modifiera à terme les tendances structurelles du marché. Notant que la croissance de l’entreprise, » en moyenne, ces dernières années, est de 8 à 10% en volume ».
- La société Trixell est détenue â 51 % par Thales, 24,5 % par Siemens et 24,5 % par Philips Medical.
- Environ 550 personnes travaillent sur le site moirannais (implanté à Centr’Alp en 1997), dont plus de 400 pour la partie Trixell.
- Chiffres d’affaires de Trixell : au-dessus de 200 millions d’euros en 2019 (près de 191 millions d’euros en 2018 d’après le site Societe.com).
- Résultat net : non communiqué pour 2019 ; plus de 23 millions d’euros en 2018 (source Societe.com).